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Erwin Blumenfeld, une vie de chocs et de chic

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Le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme rend hommage à celui qui est connu comme photographe de mode des années 50-60, en se penchant sur ses œuvres sombres réalisées plus jeune, alors qu’il dénonçait et fuyait le nazisme.
«Sans titre (Natalia Pascov)» réalisé à New York en 1942 et «Hitler», réalisé à Amsterdam, vers 1933. (Erwin Blumenfeld)
publié le 10 janvier 2023 à 4h10

A l’origine, Nadia Blumenfeld-Charbit, petite-fille d’Erwin Blumenfeld et commissaire de l’exposition, tenait, pour évoquer son grand-père, à cet intitulé à rallonge : «Les Tribulations photographiques d’un juif berlinois dans la tourmente du XXe siècle». Mais pour plus de clarté, le titre a été raccourci… Le destin d’Erwin Blumenfeld – né en 1897, mort en 1969 – a effectivement collé au chaos de son temps : avant de devenir l’excellent photographe de mode que l’on connaît, l’œil le plus convoité de New York dans les années 50 a d’abord été ambulancier, vendeur de prêt-à-porter, maroquinier, dadaïste, mais il a surtout survécu à deux guerres, et fui le nazisme pour s’installer aux Etats-Unis. C’est cette aventure photographique que retrace le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme (MAHJ), établissement qui s’est donné pour mission de montrer les grands photographes juifs du XXe siècle. Dans une exposition qui sort des sentiers battus, en révélant, pour la première fois, des clichés moins connus, un Blumenfeld plus intime, moins papier glacé, ballotté dans les turpitudes de l’histoire, apparaît.

«Il avait son caractère, se souvient Nadia Blumenfeld-Charbit, qui valorise le patrimoine photographique hérité de son propre père. Petite-fille, il me faisait un peu peur. Je me souviens de ses ongles et de ses mains abîmées par la chimie des bains photographiques… Il était très bon pour les tours de magie.» Talentueux et plein d’humour, comme le révèle Jadis et