Au moyen d’une illusion d’optique dont l’artiste argentin Leandro Erlich a l’habitude, une des premières pièces de la dense exposition «Lacan» au centre Pompidou-Metz place le spectateur à la place de l’analyste derrière son bureau, puis de l’analyste sur son fauteuil, ensuite de l’analysé sur le divan, et ainsi de suite… Ce «Cabinet du psychanalyste» (El Consultorio del Psicoanalista, 2005), qui repose sur un miroir sans tain et un espace dédoublé, dispositif amusant plus que renversant, a le mérite d’annoncer la perspective et la règle du jeu choisie pour l’exposition : l’art y est montré au prisme, non pas déformant mais déstabilisant, de la pensée lacanienne, sans que les places ne soient assignées. Dans chacune des sections, rigoureusement titrées d’un concept du psychanalyste («Le stade du miroir», «lalangue», «Nom-du-Père», «objet a»), les œuvres éclairent, approfondissent, élargissent, éparpillent la réflexion sans se contenter de l’illustrer.
Interview
Echapper au dogme, à la «marque Lacan», osent même les commissaires Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, ébranler la statue du commandeur en somme ; voilà le défi de cette exposition qui, pour ne pas céder à la tentation hagiographique, prend au pied de la lettre la formule torsadée du psychanalyste lui-même : «En sa matière [la psychanal