Oyez, oyez, amateurs de morve au nez, de squelettes grotesques et de pantomimes tapageuses : on fête en Belgique les 75 ans de la mort de James Ensor, le truculent «peintre des masques». A Ostende, à Bruxelles – et cet automne à Anvers –, plusieurs expositions célèbrent le visionnaire satirique qui, au tournant du XIXe et du XXe siècle, tend le miroir grinçant du carnaval pour dénoncer l’hypocrisie et la bêtise de ses concitoyens. D’abord moqué, dénigré par la critique d’art – ces «pisse-vinaigre suintants», ces «batracien[s] encornichonné[s]» – James Ensor est reconnu sur le tard, après 1900. Finalement anobli – un baron ! –, admiré par Magritte ou Einstein, le maître inclassable, le «fou», le «sot», le «méchant», expose à l’international et entre dans les collections belges. Son irrévérence, son goût du bizarre, sa touche tremblotante et ses «scènes diaboliquement séduisantes» le placent alors dans la lignée des audacieux, Jérôme Bosch, Brueghel ou Goya.
C’est à Ostende, au Mu.ZEE, qu’a été inaugurée l’«année Ensor», avec une exposition de natures mortes. C’est aussi dans cette station balnéaire – où il est né et où il a vécu –, qu’il reste encore quelques vestiges de sa vie. Une monumentale tête moustachue du peintre, en paille, vous accueille sur le parvis de la gare pour cette année exceptionnelle. Cernée