Dans les peintures de Fabrice Hyber, les flèches filent, pas tellement droit, dans toutes les directions. D’avant en arrière, vers le haut ou vers le bas, courbes ou droites, en essaim ou solitaire, elles reviennent obstinément à la charge, contribuant à prêter aux tableaux cette apparence de schémas scientifiques. Les flèches d’Hyber peuvent figurer la direction du vent et sa force, celles de l’eau qui coule, s’infiltre dans les sols, ou remonte au ciel en s’évaporant, celles encore d’une myriade d’éléments et de forces qui bougent et secouent le monde – ou juste une petite parcelle du monde. Elles peuvent aussi signifier graphiquement des liens de cause à effets, le passage du temps, la roue qui tourne, les transformations du corps humain, les transformations de la matière, les relations, improbables, qu’entretiendraient les choses entre elles – les nuages, les pommes de terre, les moutons, l’eau qui jaillit d’une fontaine, tout cela partage la même forme et, soupçonne l’artiste, bien plus encore.
Les flèches, au vrai, ça rassure aussi le spectateur, qui s’y accroche comme à une rampe. Ces toiles, étourdissants réservoirs d’idées qui touchent à tout (à la botanique, la biologie, l’agriculture, la sylviculture, le climat, l’anatomie…) ne prétendent pourtant pas détenir la science infuse. Ils se tendent aux regards comme «des tableaux de classe, revendique l’art