Il suffit d’un équilibre juste, d’un rythme impeccable, pour aller droit au cœur. C’est ce que réussit «Merveilles de l’inconnu», l’étonnante exposition de Giorgio Griffa à Villeneuve d’Ascq. Comme un nécessaire retour au geste pictural, et à l’enthousiasme qu’il procure, les compositions libres et festives du peintre italien, peu connu en France, enchantent les salles centrales du LaM. A quoi tient ce petit miracle ? A peu de choses finalement, après des mois de disette artistique. Il suffit de grands – ou de très petits – morceaux de toiles brutes, d’une palette de couleurs tendres et d’un sens du motif minimaliste pour créer un monde rêveur, sensuel et néanmoins plein de personnalité. Car ce qui frappe dans cet accrochage lumineux, c’est la ferme intention de la ligne chez Griffa – qu’elle prenne la forme d’une petite touche carrée (comme chez Niele Toroni), qu’elle se prolonge en droites malhabiles, qu’elle s’acoquine avec ses semblables dans des parallélismes hésitants, qu’elle devienne discontinue dans des pointillés ou qu’elle mute en lettres ou en chiffres, la figure géométrique à la base du dessin, la ligne donc, tend et sous-tend tout l’édifice.
Le point d’orgue de ce système s’illustre par exemple dans U.N.A.L.I.N.E.A (1981), pièce maîtresse de l’exposition, où 21 grands morceaux de toiles mis bout à bout sont traversés par une longue ligne multicolore et horizontale. Heureusement, d’ailleurs, qu’elle est là, cette ligne liminaire, car rien d’a