Il y a une quinzaine d’années, c’est au sein d’une minuscule galerie (fermée peu après) que Henry Taylor avait eu droit à sa première exposition à Paris. A 65 ans, l’artiste noir américain a depuis tracé sa route et c’est sous les ors d’Hauser & Wirth et de la toute nouvelle antenne de cette puissante galerie mondialisée, à deux pas de l’avenue Montaigne et de Dior, qu’il revient en France, tout en inaugurant une rétrospective au MoMA, à New York. Une de ses toiles, a annoncé le marchand, s’est vendu 1 million de dollars la semaine dernière à la foire Art Basel à Miami.
Si Henry Taylor a donc quitté les oripeaux de l’outsider qu’il a pu être, sa peinture et ses sculptures sont en revanche restées fidèles à elles-mêmes. Faites de bric et de broc, de bidons en plastique, de bouts de bois, de meubles, de tissu, les objets prennent ici la forme d’arbres plantés au tronc malingre et au feuillage synthétique. Plus enlevées que ces sculptures d’assemblages de matériaux pauvres éclosant sans grâce ni inventivité, les peintures ont été réalisées à Paris, où Henry Taylor a séjourné deux mois, en profitant pour affiner son goût pour les maîtres français du XIXe siècle.
Insouciance débridée
Une des toiles pastiche le Déjeuner sur l’herbe de Manet, substituant au groupe de personnages endimanchés des jeunes gens noirs, chaînes en or au cou, tors