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Exposition

«Histoire de ne pas rire» : en Belgique, le surréalisme garde son sérieux

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A Bruxelles, une exposition fascinante fait revivre le mouvement artistique qui, outre-Quiévrain, aura été bien plus grave et durable qu’en France.
«La Jongleuse» de la série «la Subversion des images» de Paul Nougé (1929-1930). (DR)
publié le 8 avril 2024 à 23h09

Une girafe, toute seule, prisonnière dans un verre en cristal : voilà l’affiche d’Histoire de ne pas rire, la passionnante exposition qui retrace l’histoire du surréalisme en Belgique. Peint par Magritte en 1946, le tableau a été choisi pour son célèbre auteur, le plus populaire des peintres surréalistes, mais aussi parce qu’il est «un peu triste» explique Xavier Canonne, directeur du Musée de la photographie à Charleroi. Pour le commissaire, il y a en effet quelque chose de sérieux dans le surréalisme belge : «Ce n’est pas le rire bébête et gras, ce n’est pas les gaufres et le chocolat. C’est un rire qui cible, un rire moralisateur.» Alors que l’on s’apprête à fêter le centenaire du surréalisme – la publication du Manifeste d’André Breton date d’octobre 1924 –, Bruxelles ouvre le bal avec un volet belge (moins connu, vu de Paris) de cette aventure artistique internationale. Si l’immense René Magritte a fait de sa ville une capitale surréaliste et un argument marketing de la belgitude, une foule d’artistes gravite autour de lui. Cette expo leur rend justice.

Le surréalisme dans l'actualité

Avec près de 280 œuvres et 150 documents, l’accrochage d’Histoire de ne pas rire rappelle ceux de l’époque, avec des tableaux à touche-touche sur des cloisons portantes. Au début du parcours, chronologique, l’art belge est encore pétri de dadaïsme et de constructivisme. Mais en novembre 1924, Paul Nougé, Marcel Lecomte et Camille Goemans envoient 22 tracts par courrier à des écrivains cé