Il n’y a pas que la sociologie qui soit un sport de combat. L’art en est un aussi. Surtout pour Hito Steyerl qui offre à Beaubourg un miroir critique à notre époque. Dans un parcours dense et convulsif, l’artiste allemande, née en 1966, livre une réflexion pugnace sur la violence du monde et la mutation des écrans en outils de surveillance et de manipulation. Environ huit heures de films, montrés dans des installations qui se lovent dans les anciens murs de l’exposition de Christo et Jeanne-Claude – vive les cimaises recyclables ! –, déploient toute la furie contemporaine : violences policières, robots humanoïdes, algorithmes de prédiction, crise économique, crashs d’avions, conflits armés, crimes xénophobes, montée sécuritaire, opacité du marché de l’art, réduction du bien public s’entrechoquent pour former un magma glitch et cacophonique qui sonne comme une sirène stridente. A travers des enquêtes très personnelles, et une esthétique post-Internet, l’artiste oppose une résistance visuelle au présent dystopique telle une combattante à mains nues. Réceptacle du pouvoir toujours plus grand des médias numériques, l’œuvre d’Hito Steyerl n’est pas qu’alarmiste et pertinente, elle sait aussi être drôle. Dans I Will Survive – titre disco emprunté à Gloria Gaynor –, exposition curatée par Marcella Lista et Florian Ebner, on peut d’ailleurs prendre place sur des ballons de pilates et des bouées gonflables pour regarder les vidéos. Pandémie oblige, Hito Steyerl a accepté de no
Interview
Hito Steyerl : «Mon travail cherche à sortir de l’invisibilité les traces des conflits»
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Vue de l'exposition d'Hito Steyerl au Centre Pompidou. (Bertrand Prévost/Centre Pompidou, MNAM-CCI)
publié le 6 juin 2021 à 18h54
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