Painlevé divisait ses films en trois catégories : films de recherche, films d’enseignement et films destinés au grand public. Mais sans cesse, il navigue entre les genres, et mixe ses sources, comme dans l’Amour de la pieuvre où il intègre une séquence purement scientifique. Parmi ses 200 films, certains sont devenus légendaires, comme l’Hippocampe, qui existe en versions muette (1931) et sonorisée (1934), et le Vampire, plus métaphorique, qui s’inscrit dans une veine surréaliste et politique. Ses derniers films, consacrés à la matière, se rapprochent de l’op art.
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«L’hippocampe» (1931-1934)
C’est le plus célèbre des documentaires de Painlevé. Au début des années 30, après l’échec d’un tournage en milieu naturel, le cinéaste loue un local dans une cave du XVe arrondissement pour tourner ses images. C’est dans ce studio qu’il doit acheminer les hippocampes du bassin d’Arcachon pour les observer dans un aquarium où il reconstitue le milieu marin. Les difficultés techniques se multiplient. Mais, devant sa caméra, l’extraordinaire se produit : les jeunes chevaux verticaux s’accrochent les uns aux autres et font des facéties sur la musique de Darius Milhaud. On découvre l’impensable : la femelle possède le mâle, lui enfonce sa papille cloacale et lui transmet ses œufs. Le mâle porte alors les œufs dans une grosse poche ventrale, fardeau qui le déséquilibre. Puis les chevaux marins donnent naissance aux petits. Cette inversion des rôles sexuels traditionnels fascine le public de l’époque,