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Monde arabe

«Juifs d’Orient», l’exposition des (possibles) réconciliations

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Après les chrétiens en 2017, l’Institut du monde arabe met en lumière l’histoire plurimillénaire des communautés juives en terre d’Orient. La cohabitation avec les ­arabo-musulmans, pas toujours facile, fut riche dans le domaine des arts ou de la pensée. A rebours de la fracture actuelle.
Image extraite de la vidéo «Yemenight» de Talia Collis, réalisée en 2020. (Talia Collis)
publié le 24 novembre 2021 à 6h46

Pour cette exposition «Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire», le choix du lieu – l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris – est déjà en soi un message fort, aussi politique que culturel. Ce qui est montré permet, en effet, de réamarrer à cette partie de la planète un héritage oublié, une histoire en voie d’engloutissement. Après avoir raconté l‘épopée souvent tragique des chrétiens d’Orient dans une exposition qui, en 2017, fit date, l’IMA, présidée par l’ancien ministre Jack Lang, narre, cette fois-ci, l’odyssée douloureuse des communautés juives, l’autre minorité qui compta dans ce monde qui s’étendit, jusqu’à la fin du Moyen Age, de l’Andalousie aux confins de l’Iran et jusqu’au Yémen.

Au fil des siècles, la pensée et la culture juives se sont, en effet, épanouies à Bagdad, au Caire, à Alexandrie, à Cordoue, à Fès, à Safed, au cœur souvent du monde arabo-musulman. C’était avant les désastres contemporains. De 1 million il y a une centaine d’années, les communautés juives orientales se sont désormais réduites comme peau de chagrin, comptant à peine quelque 30 000 personnes, principalement en Turquie. «Le XXe siècle fut celui des tragédies. Mais il ne faut pas regarder cette histoire à partir de la fin», plaide l’historien Denis Char