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La drone de vie de Stephen Shore

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Connu pour ses clichés de paysages américains, le photographe de 75 ans s’est servi de son nouveau joujou technologique pour actualiser ses obsessions. Depuis le ciel, il immortalise un territoire artificiel qui l’a emporté sur le naturel.
Sur les images, les humains sont quasiment invisibles. (Stephen Shore/Mack books)
publié le 10 mars 2023 à 23h11

Stephen Shore cite deux phrases qui ont marqué sa carrière de photographe. La première est celle que lui confie Ansel Adams, le grand photographe des paysages américains, après un dîner arrosé à la vodka, dans les années 70 : «J’ai eu un coup de fouet créatif dans les années 40 et, ensuite, j’ai fait bouillir la marmite.» La seconde est une citation du vieil Auguste Renoir à son fils Jean : «La peinture en tube, facile à transporter, nous a permis de travailler d’après nature… Sans la peinture en tube, il n’y aurait pas eu… d’impressionnisme» (issue du livre Photography Until Now de John Szarkowski, conservateur au MoMA).

Nouveau joujou

Stephen Shore, photographe pionnier de la couleur – aujourd’hui 75 ans –, fin observateur de l’Amérique mutante des seventies et de sa couche superficielle liée à la civilisation automobile, a retenu deux leçons de ces maîtres : «J’ai décidé qu’à chaque fois que je me répéterais, je me donnerais un nouveau défi. […] Chaque évolution technologique offre de nouveaux outils. Chacun d’entre eux ouvre la porte à de nouvelles possibilités esthétiques», écrit-il donc dans ses mémoires parues en 2022 (Modern Instances : The Craft of Photography, éditions Mack). L’artiste a donc toujours choisi d’utiliser les outils de son temps (la couleur, les appareils gran