La Maison des Mondes Africains (MansA) a enfin un toit. Après des mois de tractations et d’incertitudes, la MansA (la Maison des Mondes Africains) investira finalement un ancien atelier consacré à la haute-couture dans le Xe arrondissement de Paris et ce, pour 24 mois. Il s’agira d’une «préfiguration mais pas de la maison en tant que telle», précise Liz Gomis à Libé, directrice du lieu. L’espace de 800m² est éphémère, dans l’attente de trouver un point de chute viable et définitif. «On va pouvoir enfin déployer ce qui était dans nos têtes» se réjouit la directrice. Ce centre pluridisciplinaire accueillera ses premiers visiteurs en juin avant d’ouvrir pleinement ses portes en septembre.
A l’origine, la création du lieu avait été préconisée par l’historien Achille Mbembe dans un rapport destiné à Emmanuel Macron en 2021. Celui-ci y suggérait la fondation d’un centre culturel à l’image de l’Institut du Monde arabe, dans la perspective d’améliorer les relations de la France avec l’Afrique, mais également de créer une scène dédiée à la création contemporaine. Suite à cela, le ministère de la Culture annonçait s’associer au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour créer une Maison des mondes africains, promettant un lieu pluridisciplinaire dédié à la création artistique et à l’innovation. Dans le projet de loi de finances de 2023, le gouvernement réaffirmait sa volonté de créer ce lieu, à la fois «physique et virtuel», ajoutant toutefois que pour l’heure, «plusieurs lieux d’implantation» étaient «encore à l’étude».
Un lieu temporaire
Il faut dire que le ministère de la Culture a longuement arpenté les rues parisiennes en quête d’un lieu pouvant accueillir un projet de ce calibre. Un bâtiment niché au sein de la fondation Cartier a temporairement été envisagé, comme le révélait le Monde en janvier 2024. Mais en avril, changement de programme. Le même journal annonce que le lieu élira finalement domicile au sein de la Monnaie de Paris, fastueux bâtiment situé quai de Conti, dans une partie jouxtant le musée déjà présent, ce que confirme Rachida Dati.
Seulement, Matignon a décidé de cette installation sans véritablement consulter les salariés du lieu. Suite à l’annonce, ceux-ci protestent, et Rodolphe Krempp, délégué syndical CFE-CGC martèle qu’«il n’y a aucune synergie entre les deux institutions», la Monnaie et la MansA. D’autres assurent que l’institution monétaire risque d’être mise en péril si on la prive des salles qu’elle loue puisque autofinancée, elle fonctionne en grande partie grâce à ces revenus.
Une programmation dense
Finalement, la décision est prise d’abandonner l’hypothèse Monnaie et de trouver un autre espace, fut-il temporaire. La Maison des Mondes Africain aura un toit durant deux ans et pourra se déployer et mettre à l’œuvre un vaste programme, en germe depuis de longs mois. «On travaille sur notre nouveau magazine, avec des sujets de fond et des plumes venant de l’international», détaille la directrice. En outre, «des programmes de médiation à destination des plus jeunes» sont en projet.
Des collaborations sont prévues avec diverses institutions culturelles dont le centre Pompidou, avec la restauration de films de la réalisatrice Sarah Maldoror. En outre, l’institution a déjà prévu des échanges avec des structures à l’international, notamment avec «le Brésil et le Nigeria», ainsi que le précise Liz Gomis. A Libération en juillet dernier, la directrice assurait vouloir «décloisonner, faire de la culture pour tous, parler de colonial et de décolonial dans un lieu hybride», soulignant que l’institution n’est pas «un musée pour et sur l’Afrique, mais un lieu ouvert, pour toute la population».