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La vie de Garson, intrigant graveur fétiche des canards du XIXe siècle

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Faits divers glauques, catastrophes urbaines et légendes rurales : tout était bon pour les «canards» du début du XIXe siècle. Un ouvrage revient sur l’illustrateur préféré de ces feuilles de chou : le mystérieux graveur Garson.
«Horrible assassinat suivi de viol commis par le curé de Mock», 1833. (Antoine Joseph Garson/Ed. Mexico)
publié le 12 janvier 2024 à 16h03

Vers le milieu du XIXe siècle, l’écrivain et journaliste Alexandre Privat d’Anglemont clame dans son Paris anecdote «l’incomparable supériorité de Paris sur toutes les villes du monde» et s’enthousiasme de cette «physionomie multiple» au cœur de laquelle il serpente infatigablement, jusque dans les plus infects recoins. Le récit de ses rencontres compose un portrait assourdissant, pestilentiel et très exaltant de la capitale où la moindre épluchure est une opportunité de commerce – on y fait la connaissance de plusieurs générations de chiffonniers mais aussi d’un «fabricant d’asticots» (cultivés sur des carcasses de chats crevés), de l’inventeuse des édredons de soie, d’un berger en chambre, d’une loueuse de sangsues, d’une zesteuse professionnelle… et, aux abords d’un théâtre, d’un «canardier», crieur public «à la voix de stentor, à l’œil fin, au sourire gracieux, qui hurle pendant six heures consécutives : “Voilà ce qui vient de paraître !”, et qui vous vend une petite brochure imprimée depuis plus d’un an.»

De quel fait divers chante-t-il les détails sordides ? Peut-être l’«événement déplorable et extraordinaire, arrivé rue Saint-Antoine, sur deux époux qui se sont suicidés par le charbon» ? Ou cet «horrible assassinat suivi de viol commis par le curé de Mock, sur l’épouse et la fille de M. Desloges, aubergiste» ? La probabilité est forte, en tout cas, pour que ce canard imprimé sur du papier de piètre qualité ait été illustré des mains d