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«La ville qui n’existait pas» : quand l’intelligence artificielle réinvente Le Havre au futur antérieur

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En collaboration avec une machine générative, nourrie de centaines d’archives de la ville, l’artiste Grégory Chatonsky propulse pendant trois ans les Havrais et leurs lieux ordinaires dans une version alternative d’eux-mêmes. Une épopée rétrofuturiste inédite.
Image extraite de «Haven, la ville qui n'existait pas», un film de Grégory Chatonsky, musique d'Olivier Alary. (Grégory Chatonsky)
publié le 12 septembre 2024 à 9h33

A quoi ressemblerait Le Havre, chantier du modernisme, si la ville n’avait entièrement disparu sous les bombardements de 1944 ? Et quel genre de sensation est-ce aujourd’hui de déambuler au quotidien au cœur d’une absence, d’une ville manquante vibrant comme un membre fantôme sous une autre ville entièrement reconstruite par-dessus elle par l’architecte Auguste Perret ? Alors qu’on commémore ce mois-ci les 80 ans de la fin de la bataille de Normandie, ces questions n’en finissent pas d’exciter l’imaginaire des artistes contemporains, comme si cette vaste opération de chirurgie urbanistique avait ouvert un formidable robinet à métaphores, se déversant aujourd’hui vers le roman noir comme la science-fiction. Star de la rentrée littéraire, le Havre est ainsi personnage principal de Jour de ressac de Maylis de Kerangal, roman modianesque où il s’agit pour la narratrice d’aller reconnaître un corps victime d’homicide autant que de se remémorer la ville de l’enfance. Star de l’actualité des IA, Le Havre est aussi devenu depuis deux ans, et jusqu’à fin 2025, le terrain de jeu à échelle réelle d’un projet rétrofuturiste stupéfiant, dans lequel il est encore question de se remémorer une ville qui n’existe plus. Ou dans ce cas précis qui n’a jamais existé.

Cartes postales

La ville qui n’existait pas de Grégory Chatonsky emprun