«Scabreux», «sordide», «indécent»… De nos jours encore, le nom de Yoshitoshi (1839-1892), considéré comme l’ultime virtuose de l’estampe traditionnelle, suscite des réactions mitigées. «Ses œuvres s’arrachent sur le marché de l’art, mais sa réputation reste celle d’un artiste “gore”. Pour mes interlocuteurs japonais, Yoshitoshi c’est, comme ils disent, kimochiwarui : “dégoûtant”.» Interviewé par Libération depuis Kyoto où il réside, le chercheur Eric Faure (spécialiste des légendes japonaises) souligne l’ampleur du dédain qui entoure ce génie sulfureux, dont il vient de publier, vendredi 3 octobre, la première biographie complète.
Intitulée Yoshitoshi, le dernier grand maître de l’ukiyo-e (aux Nouvelles éditions Scala), la biographie au format beau livre rassemble 283 illustrations dont l’étonnante diversité couvre la gamme des émotions fortes : ici, deux adolescentes se font dévorer vivantes par des loups, là un guerrier se vide de ses boyaux. Plus loin, une femme fantôme sanglote au bord d’