«Coup d’éclat, coup d’éclair.» C’est Pierre Restany qui le dit, quarante ans après avoir assisté au premier tir que Niki de Saint Phalle exécute le 12 février 1961, impasse Ronsin, à Paris. L’homme sait de quoi il retourne. Le critique et auteur du Manifeste des nouveaux réalistes (paru neuf mois auparavant) est présent ce jour-là, dans cette sorte de terrain vague caillouteux cerné de palissades et de murs en briques jouxtant quelques ateliers vétustes, où le sculpteur Brancusi a logé durant quatre décennies.
A ce moment-là, la Franco-Américaine Niki de Saint Phalle (1930-2002) qui s’appelle encore Niki Mathews – du nom de son premier mari, poète expérimental et père de ses deux enfants, qu’elle a quitté quelques mois plus tôt – coule de la peinture et des jours paisibles au côté d’un jeune artiste suisse en vogue, Jean Tinguely, qui vit et travaille dans ce lieu bohème de Montparnasse. L’adresse est aussi rustique que mythique, et c’est aussi le point de départ de ce couple de légende. La fille de (très) bonne famille et le révolutionnaire en herbe s’y sont rencontrés pour la première fois en 1956 ; alors en visite à l’atelier de Jean Tinguely, dont les mécaniques métalliques sont déjà exposées avec les œuvres de Marcel Duchamp, elle lui suggère de rajouter des plumes à une sculpture. Il est interloqué, mais déjà transi d’amour.
Le 12 février 1961, c’est tra