Imaginez 1 000 mètres carrés avec des artistes qui font saliver : Yves Klein, Gianni Motti, Maurizio Cattelan, Christian Boltanski, Sophie Calle… acoquinés soudain avec d’autres, tout aussi stimulants, mais que l’on a plus l’habitude de voir dans des expositions d’art brut : Jeanne Tripier, Judith Scott, Emma Kunz, Henry Darger ou Marcel Bascoulard. Mais que font-ils tous ensemble dans ce grand bateau qu’est le musée d’Art moderne et Contemporain de Saint-Etienne ? Ce sont des autodidactes, nous apprend la belle exposition «l’Enigme autodidacte», qui s’intéresse à l’inclusivité dans l’art d’après-guerre. Comment se met-on à faire de l’art quand on n’y a pas été formé ?
Trajectoire outsider
Pour tisser des liens entre ces 44 artistes, la commissaire Charlotte Laubard épluche successivement la trajectoire initiatique de ceux qui commencent dans leur coin, sans passer par des écoles. Tout en naviguant entre des formes esthétiques très variées, le parcours se veut analytique, se concentrant d’abord sur des gestes. Les autodidactes observent, imitent, répètent, décalquent ou mobilisent des savoir-faire originaux, ils prélèvent aussi des objets du quotidien et se créent une histoire. Le reclus Henry Darger a décalqué des photos pour en faire des scènes de guerre, la trisomique Judith Scott a fait des pelotes de laine à partir d’objets usuels, le facteur Cheval a reproduit ce qu’il voyait sur des cartes postales pour construire son Palais idéal…
Interview
La photographie, pratique populaire, est aussi un re