Derrière la vitrine donnant sur la rue, une théorie de paires de chaussures, posées à même le sol, côtoie des habits accrochés sur des portants. Toutefois, quels que soient le jour et l’heure, la boutique demeure obstinément fermée. Tandis que, pour peu qu’on franchise le porche mitoyen, sur rendez-vous (en attendant la réouverture officielle du 19 mai), l’espace culturel, lui, reste accessible. Raccourci schizo des atermoiements de l’époque, l’exposition de Kenny Dunkan «cadenasse» de la sorte un vrai-faux commerce, alors que le volet plus explicitement artistique, lui, continue tant bien que mal d’accueillir du public au compte-gouttes, au motif qu’hébergé dans une galerie – et non un musée ou une fondation –, il tient également un rôle économique. L’un et l’autre ne formant toutefois qu’une seule et même entité, projet gémellaire d’autant plus incitatif que son intitulé choisit d’emblée de contrer la morosité ambiante, en entonnant un «Keep Going !» digne des plus grands standards funk ou disco.
En avant donc, à la galerie des Filles du calvaire, où Kenny Dunkan prend ses aises, littéralement du sol au plafond. Car autant l’échoppe – constituée des effets personnels de l’artiste – qui s’offre au regard des passants répond à un ordonnancement soigné, autant l’antre contigu ressemble à un joyeux foutoir. Du moins, en apparence. C’est-à-dire avant que l’on ne comprenne que, photographies, vidéos et sculptures entremêlées dans une installation au format XXL, tout dialogue et s