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Les natures fortes de Patrick Faigenbaum

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A Paris, la galerie Nathalie Obadia met à l’honneur les tableaux intimes et les compositions vibrantes du photographe.
«Nature morte avec pastèque, feuille de laurier, hélichryse et pierre à feu», 2019. (Patrick Faigenbaum/Courtesy Gal. Nathalie Obadia)
publié le 8 février 2022 à 3h59

Des fruits tropicaux happent le regard à l’entrée de l’exposition de Patrick Faigenbaum. Sur un morceau de table recouvert par une nappe aux teintes vives, des pommes rouges, une grenade, ce qui ressemble à un melon d’eau jaune, un atemoya vert et d’autres agrumes aux noms inconnus et aux formes étranges sont ici arrangés avec soin. En forme d’offrande visuelle, la nature morte aux couleurs chatoyantes a des airs de jardin des délices dans lequel on a envie de tendre la main. Illusion : il s’agit là d’une photographie prise en 2014 à Calcutta, en Inde. Les fruits sont insaisissables, on les caresse avec les yeux… Et les plus belles natures mortes de la peinture, celles de Cézanne, Van Gogh ou Chardin viennent à l’esprit.

Même les morts ont l’air vivants

Dans un ensemble d’images qui couvre près de 50 ans de photographie (1974-2020), sans fil directeur apparent, l’exposition de la galerie Nathalie Obadia nous emmène en Sardaigne, à Santu Lussurgiu, dans le village de la belle-famille du photographe, à Prague, sur les bords du Gange, à Brême et sur les trottoirs de la rue de Crimée où traînent des abris. Cette hétérogénéité géographique laisse apparaître pourtant des motifs et des sujets : on retrouve le goût de Faigenbaum pour les fruits, les arbres, les paysages, les intérieurs, les gens proches, la mère, la belle-mère, le fils… Et son tour de force, c’est que toutes ces choses et ces personnes photographiées rayonnent par-delà le glacis des tirages. Impossible de ne pas être saisi par leur incroyable présen