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Peinture

L’expo «Hyper Nuit» remet au jour les «Nymphéas»

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Par ses paysages aquatiques nets et lisses, la peintre Amélie Bertrand donne à voir, au musée de l’Orangerie, un contrepoint planant à Monet.
«Yellow» par Amélie Bertrand dans l'exposition «Hyper Nuit» à l'Orangerie. ( A. Mole/Semiose. Adagp, Paris, 2025)
publié le 14 janvier 2025 à 6h15

Si les peintures d’Amélie Bertrand partagent, avec celles du maître des lieux (Monet, à l’Orangerie), un même motif (des nénuphars), elles n’ont rien à voir avec l’impressionnisme. Dans la salle préliminaire à celles des Nymphéas (ainsi qu’au sous-sol) la surface parfaitement lisse des toiles de l’artiste née en 1985 offre même un saisissant contrepoint au pinceau échevelé de Monet, de même que les contours des motifs nettement tracés, sans aucun débord.

Pourtant, les paysages d’Amélie Bertrand ont bien quelque chose d’instable qui leur fait tenir le réel à bonne distance. Cela tient d’abord à la palette qui ose des bleus électriques, des roses pimpants, virant violacés ou des verts sirupeux. Ces teintes organisent entre elles de méticuleux dégradés qui fondent et enchaînent les éléments les uns aux autres et compliquent la composition. Des nénuphars flottent, ou plutôt planent en essaim, passent à travers les grilles d’un hublot, se glissent sous les maillons d’une chaîne, tandis qu’au fond, un grillage tente malgré tout de les retenir. Ces paysages aquatiques ne respirent pas le plein air. Ils ont l’artificialité des paysages en plastiques dont se parent par exemple les aquariums, mais aussi les anciennes discothèques et leurs décors à thèmes.

Amélie Bertrand assume faire «une peinture d’ambiance», c’est-à-dire qui se glisse en fond du décor, pas au premier plan, sans chercher à heurter mais plutôt à couler doux dans l'œil du spectateur. Son éclat synthétique e