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Libération
verts de rage

Londres : coups de marteau de militants écolos sur la vitre de protection d’un tableau de Velázquez

Ce lundi 6 novembre, c’était au tour du tableau la « Vénus au miroir » de Velázquez d’être vandalisé par des militants de l’organisation écologiste Just Stop Oil, qui se sont infiltrés à la National Gallery de Londres. Une action choc pour dénoncer les projets pétroliers et gaziers du Royaume-Uni.
Des activistes Just Stop Oil frappent le verre de protection d'une peinture de Velasquez à la National Portrait Gallery de Londres le lundi 6 novembre 2023. (Just Stop Oil/AP)
publié le 6 novembre 2023 à 20h53

La «Vénus au miroir» a vue sa vitre brisée. Ce lundi 6 novembre, deux militants du mouvement écologiste Just Stop Oil ont frappé au marteau la surface de protection du tableau de Diego Velázquez, après s’être introduits à la National Gallery de Londres.

Cette opération est la plus spectaculaire d’un mois de mobilisation lancé il y a une semaine par l’organisation aux méthodes controversées. Celle-ci revendique l’arrêt immédiat des nouveaux projets pétroliers et gaziers au Royaume-Uni, à contre-courant de la politique de l’exécutif conservateur, qui souhaite encourager la production d’hydrocarbures. La seule journée de lundi a été marquée, selon la police, par une centaine d’arrestations de membres de Just Stop Oil, désormais familier des tribunaux. Les deux militants, âgés de 20 et 22 ans, ont été arrêtés pour dégradation.

Le tableau de Velázquez, qui date du milieu du XVIIe siècle, est considéré comme l’unique nu restant du peintre espagnol. En 1914, il avait été lacéré au hachoir par la suffragette canadienne Mary Richardson. Elle protestait alors contre l’emprisonnement d’une autre militante pour le droit de vote des femmes au Royaume-Uni. «Les femmes n’ont pas eu le droit de vote par les urnes. L’heure n’est plus aux paroles mais aux actes», ont déclaré les militants écolos après leur action, selon Just Stop Oil.

La National Gallery a confirmé l’action, précisant avoir évacué les visiteurs de la salle et appelé la police, tandis que la «Vénus au miroir» a été retirée pour être examinée par les conservateurs du musée.

De la soupe à la tomate sur Van Gogh

L’an dernier, d’autres militants de Just Stop Oil avaient déjà visé la National Gallery, jetant de la soupe à la tomate sur les «Tournesols» de Van Gogh. Au musée Mauritshuis de La Haye, ils s’étaient collés à la vitre de «La Jeune Fille à la Perle», de Vermeer. Dans les deux cas, les toiles étaient protégées par des vitres et n’avaient pas subi de dégâts.

Le plus souvent, l’organisation s’en prend aux automobilistes en bloquant la circulation. Elle s’est en cela attirée l’hostilité du gouvernement conservateur britannique, qui a durci la législation pour empêcher leurs actions. Ce lundi, une centaine de manifestants ont ainsi été arrêtés pour avoir entravé la circulation près de Downing Street. Vingt-cinq autres, des «mères et grands-mères» réclamant «un futur meilleur pour leurs enfants», ont été arrêtées pour le même motif entre Whitehall et Trafalgar Square, quartier de la capitale où se trouvent les principaux ministères. Just Stop Oil a toutefois nié que les manifestants aient voulu s’en prendre au Cénotaphe – un monument commémoratif érigé à la fin de la Première guerre mondiale –, comme l’en ont accusé plusieurs élus.

Ces nouvelles actions interviennent alors que l’exécutif britannique a décidé d’attribuer des nouvelles licences d’exploration et de forage d’hydrocarbures en mer du Nord, ce qui lui vaut d’être accusé de revenir sur ses engagements climatiques. Ce lundi, il a annoncé vouloir inscrire dans la loi l’examen de potentielles nouvelles licences tous les ans, au nom de la sécurité énergétique.

Le gouvernement assure toutefois ne pas renoncer à son objectif de neutralité carbone en 2050, mais veut le faire de manière «pragmatique» et «réaliste», expliquant que les Britanniques vont continuer de consommer pétrole et gaz dans les années à venir, et ne pas vouloir dépendre d’«Etats hostiles» pour s’approvisionner.

Ce revirement récent du Premier ministre, Rishi Sunak, qui se pose désormais en défenseur des automobilistes, a été commenté par de nombreux politologues comme une manière de répondre aux inquiétudes de l’électorat populaire à l’approche des élections attendues l’année prochaine. L’occasion, aussi, de se démarquer de l’opposition travailliste, qui veut investir massivement dans les énergies vertes.