Vrououou, chlac chlac, fssuiiiii, clic clic clic… Un barouf du diable résonne dans les grandes salles vitrées du musée d’Art et d’Histoire (MAH) de Genève. Rien d’étonnant, le démon Wim Delvoye est l’invité bruyant de la quatrième Carte blanche du musée, format d’exposition XXL imaginée par le directeur Marc-Olivier Wahler. L’artiste flamand, père terrible de Cloaca (2000) – cette œuvre dingue qui imite la digestion humaine et produit de la merde –, a conçu pour Genève un autre tube digestif géant, cette fois en métal, et en forme de rail monumental, dans lequel circulent des boules métalliques de la taille de balles de tennis.
Petits wagonnets
Dès la deuxième salle, l’infernal circuit apparaît dans un boucan d’enfer. Les glissières de ce circuit géant circulent le long des murs, mais aussi les traversent. Comble de l’insolence, les grosses billes percent aussi des œuvres comme si des petits wagonnets entraient dans des tunnels : bigre, une eau-forte de Piranèse, une peinture de Picasso ou un tableau de Warhol… Ouf, ce sont des copies. «On fait semblant de trouer des sculptures du musée, mais j’espère bien que des visiteurs vont écrire à la municipalité pour dire que Wim Delvoye est un monstre, qu’ils sont blessés par la destruction de leur héritage», ricane l’iconoclaste. Face à la Pêche miraculeuse de Konrad Witz, le joyau du MAH conservé