«MeToo.» Inscrit à la peinture rouge, le slogan féministe a été tagué sur les vitres protégeant L’Origine du Monde prêtée par le Musée d’Orsay à l’occasion de l’exposition «Lacan», comme l’ont révélé nos confrères du Républicain lorrain. Selon nos informations, Aktionhose : Genitalpanik (1969-2001), l’œuvre iconique de VALIE EXPORT, actionniste féministe qui se représente blouson de cuir et arme à la main, le sexe nu, a également été dégradée, tout comme une œuvre de Louise Bourgeois et de Rosemarie Trockel. Une autre œuvre, une petite broderie portant l’inscription «Je pense donc je suce», issue de la série Ma collection de proverbes d’Annette Messager et datant des années 70, aurait par ailleurs été décrochée.
L’action a été revendiquée par la performeuse Deborah De Robertis, avec la complicité de plusieurs personnes. Pourtant invitée dans l’exposition, «ce dont elle se disait très fière» d’après les commissaires de l’exposition Bernard Marcadé et Marie-Laure Bernadac qui ne cachent leur «déception», De Robertis avait alerté la presse le 14 avril avec ce message : «Je prépare une performance très prochainement, pour dénoncer les abus dans le monde de l’art, qui jusqu’à présent est resté silencieux. Je vous écris parce que j’essaie de trouver un média de confiance pour m’exprimer. Je suis connue, notamment pour avoir exposé mon sexe sous l’Origine du monde de Courbet en 2014 […]. Mes performances pointaient les abus de pouvoir sexuel dans le monde de l’art avant #MeToo, sans accuser directement, mais aujourd’hui je désire prendre la parole».
Interview
Dans l’exposition, la vidéo documentant la performance qu’elle avait réalisée à Orsay en 2014, est présentée non loin du tableau de Gustave Courbet, célébrissime tableau désormais propriété du musée d’Orsay après avoir longtemps séjourné à l’abri des regards dans la maison de campagne de Lacan. «Objet de regard pour les voyeurs, la peinture est devenue un objet qui nous regarde» avaient analysé dans Libération les commissaires de l’exposition. Dans le catalogue publié chez Flammarion, l’image documentant la performance de De Robertis est également publiée, en vis-à-vis, précisément de l’œuvre de VALIE EXPORT qui a été vandalisée.
Détournant les codes des happenings des militants écologistes, le geste tourne ici doublement court : que penser d’une artiste qui s’en prend aux œuvres d’autres artistes avec qui elle est exposée ? Qui plus est quand deux de ces œuvres sont signées précisément d’artistes femmes réputées pour leur positionnement féministe tout au long de leur carrière ?
Mise à jour à 20 h 35 avec le nombre d’œuvres vandalisées et la photo de l’action.