Une conséquence qui ne s’est pas fait attendre. Le lendemain de «l’action» artistique revendiquée par Deborah de Robertis, deux femmes, nées en 1986 et 1993, ont été notamment mises en examen pour «dégradation en réunion d’un bien culturel» et «vol en réunion d’un bien culturel». Elles avaient été arrêtées et placées en garde à vue lundi 6 mai dans l’après-midi, après avoir tagué et décroché des œuvres d’art. «Elles sont toutes les deux placées sous contrôle judiciaire avec interdiction du département de la Moselle et interdiction de contact» entre elles, a précisé Yves Badorc, procureur de la République à Metz. Par ailleurs, une des œuvres «pourrait avoir été atteinte dans son intégrité, parce qu’elles n’étaient pas toutes protégées, mais ce n’est pas l’Origine du monde, qui était protégée par une vitre», a indiqué le procureur. «Ça sera à vérifier dans le cadre de l’information judiciaire.»
«L’action» organisée par la performeuse Deborah De Robertis, avec la complicité de plusieurs personnes, a abouti au tag du célèbre nu, l’Origine du monde, de Gustave Courbet, peint en 1866, d’Aktionhose : Genitalpanik (1969-2001), l’œuvre iconique de VALIE EXPORT, actionniste féministe qui se représente blouson de cuir et arme à la main, le sexe nu, et d’une œuvre de Louise Bourgeois et de Rosemarie Trockel. Sur ces trois œuvres, «Me Too» a été peint en lettres rouges. En plus de cela, une petite broderie datant des années 70 portant l’inscription «Je pense donc je suce» d’Annette Messager aurait été dérobée. Une troisième personne, qui n’a pas été interpellée, pourrait selon Yves Badorc être à l’origine du vol.
Vandalisme
Par cette «action», la performeuse souhaite «dénoncer les abus dans le monde de l’art, qui jusqu’à présent est resté silencieux […]. Mes performances pointaient les abus de pouvoir sexuel dans le monde de l’art avant #MeToo, sans accuser directement, mais aujourd’hui je désire prendre la parole». Elle revendique également la «réappropriation» de la broderie d’Annette Messager issue de la collection personnelle d’un critique d’art, également commissaires de l’exposition «Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse» où «l’action» a eu lieu. Deborah De Robertis dit avoir voulu dénoncer des actes émanant de cet homme, avec notamment les «nombreuses fellations qu’il s’est permis de me demander comme si c’était son dû» lorsqu’elle avait 26 ans.
La performeuse était par ailleurs indirectement présente dans cette exposition dédiée à Lacan, puisqu’une photo d’elle baptisée Miroir de l’Origine du monde était placée proche de L’origine du monde de Courbet. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre du XIXe siècle, une performance réalisée le 29 mai 2014 au musée d’Orsay.
Mise à jour à 20 h 10 avec les deux mises en examen et l’état des œuvres taguées.