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Libération
Diplomatie culturelle

A Paris, l’Ouzbékistan joue la carte des trésors

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Deux expositions, au Louvre et à l’Institut du monde arabe, se penchent sur le riche passé pré-soviétique du petit pays. Qui profite de son patrimoine et de sa culture pour se faire une place sur la scène internationale.
Peinture des ambassadeurs, VIIe siècle après J.-C. Musée archéologique d’Afrasian à Samarcande. (Andrey Arakelyan/Art Fondation Ouzbékistan)
publié le 27 novembre 2022 à 17h01

Toutes les voitures passent forcément par cette place à Tachkent : au milieu d’arbres et de gazon, la statue équestre d’Amir Timour, fier sur son noir destrier, cape dans le vent et couronne sur la tête, lève son bras en pacificateur. Depuis la fin de l’empire soviétique, c’est la silhouette de ce conquérant sanguinaire du XIVe siècle qui remplace Lénine dans les villes d’Ouzbékistan. Aujourd’hui héros national, Amir Timour – ou Tamerlan le Boiteux pour les mauvaises langues –, musulman et joueur d’échec, lointain parent du conquérant mongol impitoyable Gengis Khan, a envahi ses voisins, décapité ses ennemis jusqu’en Inde et menacé jusqu’à Moscou. Pour fédérer son empire des steppes, Timour massacrait à tours de bras, sauf les artistes et les artisans, qu’il épargnait et déportait à Samarcande… L’Ouzbékistan doit à ce chef de guerre illettré et paradoxalement amoureux de la culture la fabuleuse architecture timouride, avec ses gigantesques medersas, ses mausolées aux dômes bleus, ses mosquées, ses élégants minarets en brique couleur sable et ses mosaïques multicolores qui font du pays un voyage prisé par les touristes. C’est naturellement une porte en bois marqueté de son tombeau qui clôt Splendeurs des oasis d’Ouzbékistan, l’exposition du Louvre qui retrace en cinq salles dix-neuf siècles d’histoire du pays. Car si Timour le conquérant est aujourd’hui considéré comme le père de l’Ouzbékistan, c’est aussi parce que ce jeune pays d’Asie centrale – où l’opposition est r