Tous les fantômes ne se ressemblent pas. Dans l’art de Michael Rakowitz, les spectres ne bougent pas et prennent la forme d’objets de petite taille. Ce sont des statuettes, des fragments de céramique ou de stèle, des minuscules sceaux-cylindres, des morceaux de bijoux ou des mini-lampes à huiles… Ces artefacts ont l’allure, la couleur et la taille de pièces anciennes mais n’en sont pas réellement. Répliques d’antiquités volées au Musée national de Bagdad lors de l’invasion d’Irak par les Etats-Unis en 2003, ces fac-similés d’œuvres d’art ont été créés par l’artiste qui les considère comme des revenants. Et à Metz, ils viennent hanter la muséographie française avec leur petit air de pacotille.
Car toute la pertinence et la beauté de l’exposition «Réapparitions» résident dans le nombre impressionnant et la matière même de ces adorables objets fantoches : dans son atelier de Chicago, l’artiste irako-américain s’est donné pour mission colossale de reproduire les œuvres disparues du musée irakien. Pour les fabriquer, il s’inspire des données scientifiques de l’université de Bagdad. Confectionnés à partir d’emballages de produits de consommation courante irakiens (des produits alimentaires, des médicaments, des journaux…), les petits objets n’en paraissent que plus fragiles.
Gaufrettes Ali Baba
A l’entrée du Frac Lorraine, une étagère présente quelques vivres typiquement irakiens qui ont servi de matière première à l’artiste : sardines Sultan, tisane Sage, gaufrettes Ali Baba, sirop de date en boîte ou