Menu
Libération
Photo

Mickael Vis, en marge forcée

Article réservé aux abonnés
Le photographe français, né de l’inceste entre son grand-père et sa mère toxicomane morte du sida, a rassemblé des archives familiales pour faire le récit de sa vie. Un ouvrage pudique et bouleversant où se dessine sa volonté de se réapproprier son histoire.
«Catherine, Antilles» (1980), tiré de «To Dance With the Devil» de Mickael Vis. (Mickaël Vis/Rue du Bouquet)
publié le 25 juin 2022 à 10h28

Quand on a le diable pour mère, comment échappe-t-on aux flammes de l’enfer ? «Etre quelqu’un à la marge a quelque chose de merveilleux. Etrangement, quelque chose de fabuleux m’a permis de ne pas être enfermé et d’échapper à de multiples tensions, explique simplement Mickael Vis, 32 ans, auteur du déroutant To Dance With the Devil. On a aussi peut-être moins peur que d’autres personnes. On a moins peur de la différence. La marginalité ouvre l’esprit.» Toute l’histoire de Mickael Vis est encapsulée dans ce petit livre à la couverture bleue. Avec des mots simples, le photographe fait le récit de la vie incandescente de sa mère, Catherine Vis, toxicomane, morte du sida quand Mickael avait 9 ans.

L’histoire pourrait être tragiquement banale – et le symptôme d’une époque – si Catherine n’avait pas aussi fait un enfant avec son propre père. Et cet enfant, c’est Mickael Vis, le photographe, qui recolle le puzzle de ses origines dans cet ouvrage bouleversant. «Je ne pouvais pas raconter cette histoire sans tout raconter. Evidemment, j’ai eu peur, peur du regard des autres, un peu comme quand quelqu’un fait son coming-out. J’avais surtout peur d’en faire quelque chose de trop dramatique», nous explique le photographe. Les pièces du puzzle – photographies, lettres, cartes postales, facture, ordonnance – se trouvaient dans un gros sac multicolore chez Paulette, la femme qui a recueilli Mickael Vis deux ans après la mort de sa mère. Elles sont reproduites dan