L’exposition Modigliani que l’Orangerie, à Paris, consacre à Modigliani, à ses portraits aux yeux en amande, aux traits tordus, au visage étiré, qui flanquent au sujet dépeint une mine chafouine et perplexe, fait place à un invité mystère, un certain Paul Guillaume, qui fut le marchand, ou un des marchands, de l’artiste. C’est la complicité entre les deux, leur mutuelle admiration durant la poignée d’année (six ans) que dura leur collaboration, mais aussi la manière dont l’un diffuse l’œuvre de l’autre au-delà de sa mort prématurée (Modigliani meurt à 36 ans d’une méningite tuberculeuse) qui est au cœur de cette monographie à l’angle aussi pointu que mort. Dans l’histoire de l’art, c’est «un champ encore inexploré», se félicite la nouvelle directrice de l’Orangerie, Claire Bernardi. C’est aussi une manière d’élargir l’approche d’une œuvre, au-delà de son auteur : l’œuvre n’a pas connu le succès d’un coup de pinceaux magiques. Quel que soit le talent de Modigliani, il lui a fallu, pour en arriver à cette popularité (fussent à titre posthume) un passeur, un collectionneur, un promoteur.
Influence de ces têtes ovoïdes
Qui était ce Paul Guillaume, que l’expo sort du placard ? La première salle le présente en majesté avec plusieurs portraits réalisés par Modigliani où il pose assis, engoncé dans un costume-cravate, mais le menton haut et fixant le spectateur d’un regard assuré. Petite tête, petite moustache, les doigts gantés tenant négligemment une fine cigarette, Paul Guillaume a cet air hardi de ceux