Ça tient parfois à pas grand-chose. Une expo prévue depuis longtemps qui tombe à l’eau, la nécessité de trouver un plan B et l’équipe du Palais des beaux-arts de Lille qui décide de puiser dans ses propres réserves, mais en les dépoussiérant d’un nouveau regard : quelle place ont les femmes artistes dans ses collections ? Quel a été le parcours de celles dont les œuvres dorment dans les vieilles caisses du musée ? L’exposition «Où sont les femmes ?» est une minutieuse investigation pour retracer leurs vies et, surtout, «identifier les raisons d’une absence».

Car les premières conclusions sont sans appel : sur les 60 000 œuvres conservées au musée lillois, seules 135 ont été créées par des femmes. C’est précisément ce qui fait l’intérêt de l’exposition : retracer une histoire commune (banale) à défaut d’être commune (égalitaire). Celle de la rareté des femmes artistes dans les musées, mais aussi celle des chemins de traverse qu’elles ont malgré tout empruntés pour créer, les leviers et les solidarités qu’elles ont su activer pour montrer leur travail et – un temps – acquérir une fragile reconnaissance.

Il a d’abord fallu faire un inventaire : 80 femmes artistes sont apparues dans les registres du fonds du Palais des beaux-arts, la plupart méconnues. Bien sûr, Rosa Bonheur, Camille Claudel, Marie Laurencin ou