Menu
Libération
Exposition

«Parisiennes citoyennes» au musée Carnavalet : ne les libérez pas, elles s’en chargent

Article réservé aux abonnés
L’exposition foisonnante revient en archives sur les luttes pour l’émancipation des femmes, de la Révolution française à l’aube du XXIe siècle.
La militante pour les droits reproductifs Nelly Roussel et les comédiennes de sa pièce «Par la révolte», à Paris, en 1903. (Bibliothèque Marguerite Durand)
publié le 5 novembre 2022 à 8h46

«C’est l’orgasme final /Tous au lit dès demain /Les gouines et les pédales /Seront le genre humain.» Cette variante MLF de l’Internationale, détournant un siècle plus tard les paroles d’Eugène Pottier dans une manif gouailleuse, donne le ton revendicatif, altier, joyeux de l’exposition «Parisiennes citoyennes !» au musée Carnavalet. Sous-titrée «Engagements pour l’émancipation des femmes», l’évocation compile ainsi deux cents ans de luttes pour une égalité de droits et de traitements qui, aujourd’hui, reste un combat d’actualité dont on mesure ici à quel point, au fil des générations, il a dû affronter, ou contourner, une cascade d’injustices, de préjugés et de perfidies.

Aussi sagement chronologique dans la forme qu’elle se veut insubordonnée sur le fond, la saga, découpée en cinq parties, débute avec la Révolution française et s’achève à l’aube du XXIe siècle. Jalonnée de «premières» (manifestation féminine dans l’espace public, avocate, femme trans opérée ayant obtenu un changement d’identité, ouvrières à recevoir un salaire minimum…), elle scande les victoires, fussent-elles ubuesques quand, par exemple, trois femmes intègrent le gouvernement en 1936 en qualité de sous-secrétaires d’Etat… après que leurs maris les y ont autorisées et sans qu’elles aient pour autant le droit de voter – qui nécessitera huit années de patience supplémentaires.

Inversion des rôles

Mais tant qu’à prendre les choses avec dérision, on avouera un faible pour un petit film muet aux allures de slapstick g