C’est avec un gros casque sur les oreilles que l’on visite «Evidence», l’installation immersive de la punk rockeuse et poétesse Patti Smith réalisée avec le groupe new-yorkais Soundwalk Collective. Isolé dans notre bulle, chacun de nos pas déclenche – grâce à une technologie pointue – une piste sonore qui compose Perfect Vision, les trois albums qui leur ont été inspirés par Antonin Artaud (The Peyote Dance, 2019), Arthur Rimbaud (Mummer Love, 2020) et René Daumal (Peradam, 2020).
A la fois convoqué par le chant incantatoire de Patti Smith et une muzak expérimentale (chant soufi, extraits de morceaux Philip Glass…), l’univers des trois poètes surgit grâce à des enregistrements effectués dans la Sierra Tarahumara au Mexique, les montagnes d’Abyssinie en Ethiopie et les sommets de l’Himalaya en Inde. Trois terres qui ont enfiévré ces poètes. Planant voyage téléportatif, l’exposition (commissariat Chloé Siganos et Jean-Max Colard) présente des films, des photographies et des dessins de Patti Smith, mais aussi des objets collectés lors des pérégrinations de Stephan Crasneanscki, fondateur de Soundwalk Collective (fioles en verre d’Abyssinie, terre, bâtons, gros morceaux de roche, cailloux, plantes…). Les deux artistes se sont rencontrés dans un avion autour d’un livre de poèmes de Nico et ne se quittent plus. Ils livrent les secrets de leur complémentarité.
J’imagine la petite Patti, une jeune fille de 16 ans qui lit Rimbaud aux Etats-Unis, et