Et si la photographie était mutagène, au sens positif du terme ? Les images, agents perturbateurs, circulent, marquent une époque et accompagnent les mutations de la société. C’est pourquoi, trois ouvrages réjouissants, traitant de la photographie queer, richement illustrés, retiennent aujourd’hui l’attention, six ans après le numéro Queer de la revue américaine Aperture, paru en 2015. Serait-ce un nouveau genre, la photographie queer, née de communautés sexuelles marginalisées ? Ou la porte ouverte à un fourre-tout incongru ? On en trouve, en tout cas, plusieurs interprétations en fonction des trois publications.
Transgalactique, le onzième numéro du magazine The Eyes, réussit le pari d’être à la fois un festival pour les yeux et un outil théorique de qualité, en français. A la fin de l’ouvrage, un glossaire rappelle que le terme «queer» signifie «étrange» en anglais. Et, à l’origine, ce mot était surtout une insulte, «utilisée péjorativement pour désigner les communautés LGBT+. Le plus souvent, l’adjectif queer est associé aux personnes qui ne sont pas cisgenres ou / ni hétérosexuelles.» C’est pourquoi Nadège Piton et Smith, invité·e·s par The Eyes en tant qu’expert·e·s du genre, sont parti·e·s de leur propre expérience, de leur vécu et de leur galaxie d’ami·e·s pour sélectionner les textes et les images de Transgalactique. Les deux artistes auraient pu nommer leur revue «queer transgalaxie» ou «transgala