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Faste and furious

Enchères: la collection Paul Allen établit un nouveau record mondial avec 1,6 milliard de dollars

Ces enchères explosent le précédent record de la collection Macklowe (922 millions de dollars au printemps). Avec ces ventes, et celle d’un portrait de Marilyn Monroe Shot Sage Blue Marilyn de Warhol, l’année 2022 devrait rester comme l’une des plus chères de l’histoire du marché de l’art.
"Les Poseuses ensemble, petite version" (1888) de Georges Seurat, un tableau considéré comme un chef d’œuvre du pointillisme, a atteint 149,24 millions de dollars, frais compris mercredi soir. (Photo Josse/Leemage/AFP)
publié le 10 novembre 2022 à 8h11
(mis à jour le 11 novembre 2022 à 7h49)

Deux soirées, des chefs d’œuvre mondiaux et un record absolu. La vente aux enchères chez Christie’s à New York de la collection d’art du cofondateur de Microsoft Paul Allen a rapporté 1,62 milliard de dollars, avec cinq œuvres à plus de 100 millions de dollars chacune mercredi 9 et jeudi 10 novembre.

Signe que le marché de l’art continue de croître de manière insolente malgré les incertitudes géopolitiques et économiques, ces cinq peintures ont toutes été vendues mercredi soir lors d’une soirée mémorable au Rockefeller Center de Manhattan.

Il s’agit de les Poseuses Ensemble - Petite version (Georges Seurat) vendue 149,2 millions de dollars, la Montagne Sainte-Victoire (Paul Cézanne) 137,7 millions, Verger avec cyprès (Vincent Van Gogh) 117,1 millions, Maternité II (Paul Gauguin) 105,7 millions et Birch Forest (Gustav Klimt) vendue 104,5 millions de dollars.

Le chiffre record absolu pour une vente aux enchères d’œuvres d’art s’était établi mercredi soir à plus de 1,5 milliard de dollars. Jeudi soir, la seconde partie de la vente n’a atteint «que» 116 millions de dollars. Au total sur les deux jours, Christie’s a annoncé un montant astronomique de plus de 1,62 milliard de dollars.

«La collection de Paul G. Allen a attiré des dizaines de milliers de visiteurs dans les galeries d’art de Christie’s à travers le monde et est dorénavant entrée dans l’histoire établissant un record de la vente aux enchères la plus chère jamais» réalisée, s’est réjoui dans un communiqué le PDG de la maison new-yorkaise, Guillaume Cerutti.

2022, une des années les plus lucratives de l’histoire de l’art

Au total, la collection comportait «155 chefs d’œuvre s’étendant sur 500 ans d’histoire de l’art (et) 100% ont vendus». Sur les clients du monde entier, «28% des œuvres en valeur ont été achetées mercredi soir par des clients asiatiques», selon Christie’s.

La valeur de cette collection a dynamité le précédent record de la collection Macklowe, du nom d’un richissime couple new-yorkais, qui a atteint 922 millions de dollars chez la concurrente Sotheby’s au printemps 2022

Avec ces ventes et celle d’un portrait de Marilyn Monroe Shot Sage Blue Marilyn d’Andy Warhol parti en mai pour 195 millions de dollars, l’année 2022 devrait rester comme l’une des plus lucratives de l’histoire du marché de l’art.

Malgré sa brouille avec Bill Gates, son partenaire dans la naissance de Microsoft en 1975, le milliardaire américain Paul Allen avait signé en 2009 son «Giving Pledge», s’engageant à faire don de la majorité de sa fortune.

Mercredi soir, le milliard avait été dépassé au lot numéro 32, une sculpture d’Alberto Giacometti, Femme de Venise III, vendue 25 millions de dollars, un chiffre presque banal, dans la salle des ventes bondée de Christie’s.

«Il y a plus de milliardaires que de chefs d’œuvre»

Du peintre-sculpteur germano-américain Max Ernst, dont la sculpture Le roi jouant avec la reine est partie à 24,3 millions de dollars, à l’Américain Jasper Johns, l’un des rares artistes vivants de la collection, dont une lithographie Small False Start, a été vendue 55,35 millions, en passant par Diego Rivera et Lucian Freud, de nombreux records d’enchères pour des artistes sont tombés les uns après les autres.

Cette avalanche témoigne de la qualité de la collection qu’avait amassée Paul Allen, un milliardaire touche-à-tout mort en 2018, qui avait fondé un musée de la pop culture dans sa ville natale de Seattle, et qui possédait plusieurs franchises sportives, dont les Seahawks de Seattle.

Selon les experts des maisons de vente, l’art est plus que jamais un investissement sûr aux yeux des grandes fortunes, malgré un contexte économique incertain.

«Les clients veulent diversifier leurs actifs, pour profiter de l’art et parce qu’ils savent que la plupart des œuvres continuent de prendre de la valeur avec le temps», expliquait à l’AFP, quelques jours avant la vente, le co-président du département Impressionnistes et Art moderne chez Christie’s, Adrien Meyer. «Il y a plus de milliardaires que de chefs d’œuvre» disponibles sur le marché, résumait-il, et «la demande est très diversifiée», avec une présence de plus en plus forte de clients d’Asie et du Moyen-Orient.