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Entretien

Pour la chercheuse Kate Crawford, «l’IA est en train de devenir le langage du pouvoir»

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Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
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L’Australienne, aussi artiste, déconstruit les enjeux politiques, environnementaux et artistiques de l’IA. Elle est actuellement à l’affiche de l’exposition au Jeu de paume «le Monde selon l’IA».
Kate Crawford voit «l’IA générative comme l’un des accélérateurs les plus extraordinaires des industries extractives». (Camille Mcouat/Libération)
publié le 19 avril 2025 à 9h06

Quatre années de recherches ont été nécessaires pour concevoir Calculating Empires (2023), la magistrale installation de la chercheuse Kate Crawford et du professeur d’art Vladan Joler au Jeu de Paume. Exposé dans «le Monde selon l’IA», ce captivant diagramme cartographie cinq siècles d’histoire qui ont conduit à l’émergence de l’intelligence artificielle. Un autre diagramme des mêmes auteurs, Anatomy of an AI System (2018), examine toutes les composantes matérielles de l’IA à l’échelle planétaire, de l’extraction de minerais et de données jusqu’aux déchets toxiques. Professeur à l’USC Annenberg de Californie, autrice de l’essai remarqué Contre-atlas de l’intelligence artificielle (Zulma 2022), Kate Crawford étudie les technologies depuis plus de vingt ans. Installée aux Etats-Unis, où elle travaille aux côtés d’ingénieurs, l’universitaire australienne appelle à une prise de conscience autour de l’IA. Pour Libération, elle décrit le moment crucial de convergence entre pouvoir et technologie que nous vivons, peu après le retour de Donald Trump au pouvoir.

Pourquoi dresser une cartographie critique de l’IA ?

Il y a un problème avec la façon dont le discours sur l’IA a émergé avec une fixation sur sa nouveauté, sur son aspect rév