L’atelier de Claude est un joyeux fatras de couleurs et de tissus, de pots de peinture et de toiles posées contre les murs. Une petite cuisine, une mezzanine, des fenêtres à n’en plus finir. Pourtant, quand l’artiste peintre est arrivé dans les lieux il y a quarante ans, tout ceci était moins cosy : pas d’eau, pas d’électricité, pas même de protection entre l’intérieur et l’extérieur – longtemps, il a vécu derrière des bâches. Claude a 63 ans. Avec d’autres jeunes artistes tout juste sortis des Beaux-Arts, il a posé ses pinceaux ici quand il avait la vingtaine, dans l’ancienne gare frigorifique désaffectée de Paris-Ivry, au milieu d’un quartier du XIIIe arrondissement presque totalement en friche. Ils ont signé des conventions d’occupation avec la SNCF, alors propriétaire des lieux : contre un petit loyer, chacun pouvait installer ici son studio et son lieu de vie, une opportunité précaire mais inespérée pour ces jeunes artistes désargentés. «Ça n’a jamais été un squat, explique Claude, casquette beige vissée sur la tête. Mais toujours une occupation dans les règles.»
Et puis ils se sont approprié les lieux, et l’occupation <