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Exposition

«Surréalisme» à Beaubourg : cent ans, sang neuf

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A l’occasion du centenaire du «Manifeste» d’André Breton, le Centre Pompidou présente une exposition foisonnante, mêlant grands noms et artistes moins connus, qui souligne le caractère très actuel du mouvement contestataire, entre féminisme, internationalisme et écologie.
«May 16, 1941» de Grace Pailthorpe (1941). (Pailthorpe, Grace)
publié le 2 septembre 2024 à 18h21

Alors quoi, le surréalisme, un poncif pour journaliste en mal de synonyme ? Un enthousiasme d’étudiant boutonneux ? Un cadavre comateux que l’on réanime pour les commémorations ? En 1991 déjà, Annie Le Brun, poétesse et critique morte cet été, prenait vigoureusement la défense du mouvement lors de la première rétrospective consacrée à André Breton au Centre Pompidou. Face au procès en «inactualité» du surréalisme, elle lançait dans son fougueux livre Qui vive : «Tout est à ébranler» !

Le Manifeste du surréalisme a donc 100 ans. Ecrit en deux mois par André Breton, 28 ans, dans son appartement parisien du 42, rue Fontaine, ce texte fondateur de l’art du XXe siècle s’approprie les mots du poète Apollinaire pour changer le monde et la vie, en 1924. Et surtout pour donner du surréalisme une définition littéraire et plastique : «Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée.» Dans une Europe dévastée par la Première Guerre mondiale, le jeune Breton, ex-étudiant en médecine que ses parents voulaient ingénieur, refuse le désenchantement et charge son Manifeste de désir, de révolte, d’imagination, de non-conformisme et de rêve. C’est cette énergie folle que sonde l’exposi