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Vandalisme

Tag de «L’Origine du monde» à Metz : l’organisatrice de l’action mise en examen

La performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, qui a revendiqué l’«action» artistique survenue début mai au Centre Pompidou-Metz, a été mise en examen le 29 mai, a confirmé le parquet le parquet de Metz ce lundi 3 juin.

Le 10 mai, le musée d’Orsay avait annoncé avoir déposé plainte après le tag du tableau de Gustave Courbet. (DR)
Publié le 03/06/2024 à 19h10

Elle avait revendiqué être à l’origine d’une «action» artistique début mai au Centre Pompidou-Metz, où cinq œuvres, dont le célèbre tableau «L’Origine du monde» de Gustave Courbet, avaient été taguées et une autre dérobée. La performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis a été mise en examen le 29 mai, a affirmé ce lundi 3 juin le parquet de Metz, confirmant une information du journal Le Monde.

Les chefs d’accusation concernent des «dégradations ou détériorations volontaires de biens culturels» en réunion ainsi que le vol d’un bien culturel en réunion, a précisé à l’AFP le procureur de la République Yves Badorc. Deborah de Robertis a été placée sous contrôle judiciaire avec notamment interdiction de paraître dans un lieu d’exposition de biens culturels ou interdiction de paraître dans le département de la Moselle, a-t-il précisé.

«Etre placée en garde à vue et mise en examen pour avoir fait usage de ma liberté artistique et de ma liberté d’expression est complètement disproportionné», a réagi Deborah de Robertis auprès de l’AFP. Par cette «action», la performeuse souhaitait «dénoncer les abus dans le monde de l’art, qui jusqu’à présent est resté silencieux […]. Mes performances pointaient les abus de pouvoir sexuel dans le monde de l’art avant #MeToo, sans accuser directement, mais aujourd’hui je désire prendre la parole». Elle avait également revendiqué un geste de «réappropriation» d’une broderie d’Annette Messager, issue de la collection personnelle d’un critique d’art également commissaire de l’exposition alors en cours – «Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse». Une œuvre de l’artiste mise en cause était par ailleurs présentée dans cette exposition.

«MeToo» tagué sur les œuvres

Le 10 mai, le musée d’Orsay avait annoncé avoir déposé plainte après le tag du tableau de Gustave Courbet. Il arguait que si l’œuvre était protégé par une vitre, le cadre avait reçu «de nombreuses projections de peinture qui pourraient laisser des traces durables même après restauration». Peint en 1866, le tableau représente un sexe de femme. Entré dans les collections du musée d’Orsay en 1995, il a été prêté au Centre Pompidou-Metz dans le cadre d’une exposition consacrée au psychanalyste Jacques Lacan – qui en a été le dernier propriétaire privé – désormais terminée.

Deux autres femmes, nées en 1986 et 1993 et qui avaient tagué de la mention «MeToo» les œuvres, avaient été interpellées le 6 mai, le jour même de l’action. Elles avaient également été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire. Les trois femmes ont interdiction d’entrer en contact les unes avec les autres.

En marge de son action au musée, Deborah de Robertis avait effectué un signalement au parquet de Paris contre plusieurs hommes du monde de l’art contemporain, les qualifiant de «calculateurs», «prédateurs» ou «censeurs». Condamnée à une amende pour s’être dénudée devant la grotte de Lourdes en 2018, l’artiste a été relaxée après d’autres actions similaires, notamment en 2017 pour avoir montré son sexe au musée du Louvre devant «La Joconde».