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Fragile

Tapisserie de Bayeux : une pétition en ligne contre le prêt de l’œuvre au British Museum récolte 45 000 signatures

Les signataires s’inquiètent de la vulnérabilité de la tapisserie, datant du XIe siècle, et demandent à Emmanuel Macron de renoncer au projet. L’œuvre doit être exposée de septembre 2026 à juin 2027 au British Museum de Londres.
Vue rapprochée de la tapisserie de Bayeux. (Charles Platiau/Reuters)
publié aujourd'hui à 18h45
(mis à jour le 20 août 2025 à 18h50)

«Ce prêt serait un véritable crime patrimonial.» Une pétition contre le prêt de la tapisserie de Bayeux au British Museum de Londres comptait, ce mercredi 20 août, près de 45 000 signatures. Mise en ligne le 13 juillet, quelques jours seulement après l’annonce d’Emmanuel Macron de l’échange de l’œuvre, la supplique demande «solennellement au président de la République de renoncer à ce projet». En cause, des inquiétudes quant à la conservation et le déplacement de la tapisserie.

«Risque de déchirures»

«La tapisserie de Bayeux date de la fin du XIᵉ siècle. Elle est donc âgée de près d’un millénaire», peut-on lire sur le site change.org, à l’initiative de Didier Rykner, directeur de la rédaction magazine en ligne la Tribune de l’Art. Joint par l’AFP, il a estimé que la tapisserie était «beaucoup trop fragile pour être transportée sans grand risque». «Les spécialistes de la tapisserie, les restaurateurs qui travaillent dessus et les conservateurs disent qu’il y a un risque de déchirures, de chutes de matière, dues aux manipulations et vibrations lors de son transport», a-t-il rappelé. «C’est inadmissible, dit-il, de prendre le risque que cette œuvre absolument unique soit détériorée.»

La tapisserie de Bayeux, exposée au musée de la ville du même nom, en Normandie, est en réalité un «récit brodé» sur une toile de lin de 70 mètres de long. Elle raconte la conquête de l’Angleterre en l’an 1066 par Guillaume, duc de Normandie, qui deviendra par la suite Guillaume le Conquérant.

Un prêt «politique et diplomatique»

Dans une vidéo mise en ligne sur Youtube par la préfecture du Calvados en février 2025, Cécile Binet, conseillère musées de la Drac de Normandie, affirmait également que la tapisserie était «trop fragile pour être déplacée sur une grande distance» et que «toute manipulation supplémentaire» était «un risque pour sa conservation». Quelques semaines après ces déclarations, la décision a été prise de l’envoyer à Londres : «Ça n’a aucun sens, c’est uniquement politique et diplomatique», a jugé Didier Rykner. Emmanuel Macron a en effet annoncé le 8 juillet le prêt de l’œuvre au British Museum de septembre 2026 à juin 2027 en échange de pièces médiévales issues du trésor archéologique de Sutton Hoo.

D’après des sources concordantes de l’AFP, une étude de faisabilité du transport de la tapisserie de Bayeux vers Londres a été réalisée par des restauratrices en mars 2022. «Cette étude, on refuse de me la communiquer, elle reste confidentielle», s’est agacé Didier Rykner. «Le ministère de la Culture dit qu’il y a eu des études qui ont montré que l’œuvre était transportable, montrez-les nous, je voudrais bien les voir !» Sollicitées par l’AFP, ni la Drac de Normandie, ni le ministère de la Culture, ni les restauratrices n’avaient répondu mercredi après-midi.