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Collectif

«This is What You Came For», expo barrée du Barra Movement à Bruxelles

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Sorte d’épopée du dérisoire, l’exposition de l’artiste belge Els Dietvorst et son collectif Barra Movement propose un curieux monde sculptural.
L’artiste Els Dietvorst est fascinée par l’art de la récup. (Philippe De Gobert)
publié le 2 juin 2022 à 22h56

Il faut visiter l’étonnante exposition d’Els Dietvorst avec une idée en tête : ce que l’on y voit – et tout ce que l’on y ressent – n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus important. Non que l’émotion du visiteur soit accessoire, mais pour Els Dietvorst, récompensée par le Belgian Art Prize 2021, l’art n’est ni un «produit» définitif ni une chose figée. Il prend plutôt sa source dans les moments qui précédent l’accrochage, dans l’échange entre ceux qui le conçoivent, ce qui implique du temps et pas forcément beaucoup d’argent. Une idée forte traverse ce travail : la création est un processus collectif, inclusif et perméable au monde, aux vivants comme aux morts, aux petits objets négligés ainsi qu’aux idées des uns et des autres.

Voilà pourquoi l’exposition de la Centrale à Bruxelles est signée par un collectif au nom étrange, «The Barra Movement (ft. Els Dietvorst)», qui met entre parenthèses l’artiste belge, telle une invitée à son propre show. Barra est un nom gaélique donné à une tempête. Le Barra Movement regroupe des artistes mais aussi les étudiants qui ont participé à cette œuvre communautaire. Dans l’ombre depuis près de vingt ans, mettant en lumière ce que personne ne veut voir, les choses délaissées et marginales, Els Dietvorst met un point d’honneur à afficher tous les contributeurs, comme sur un générique de film. Parmi eux, il y a un sans-abri qui vit sur un terrain vague et un homme qui nourrit des pigeons. Mais aussi un peintre belge mort, Philippe Vandenberg