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Topor l’atypique

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[Il était une fois dans «Libé»] Six cents œuvres, la plus ancienne datée de 1956, la plus récente de 1983, le dessinateur sarcastique n’y va pas avec le dos de la louche. Fines bouches s’abstenir.
par Brigitte Paulino-Neto
publié le 16 mars 2021 à 10h13

Cet article a été initialement publié dans Libé le 16 mars 1986.

On ne présente pas Roland Topor, il se présente lui-même. Ou plutôt il se présenterait lui-même s’il pouvait arrêter deux secondes de rigoler comme une baleine. Un peu de sérieux s’il vous plait. Qu’est-ce qu’il dit ? Il dit qu’il est né intelligent comme d’autres sont nés idiots ou un peu cons. Mais arrêtez de rigoler, nous voudrions vous poser quelques questions.

Estimez-vous que votre exposition aux Beaux-Arts relève d’une consécration ?

Je suis content que ce soit les Beaux-Arts et pas Beaubourg. Ce n’est pas le même grand magasin. Il faut savoir que les détracteurs qui, en 1968, fustigeaient les Beaux-Arts comme étant le sacro-saint lieu de l’académisme sont les mêmes qui, aujourd’hui, vénèrent les établissements suisses d’où l’on sort bon pour faire de la publicité. Ces merveilleuses machins qui ne savent pas ce que c’est que le chômage : à peine sorti de l’école, hop, on fait carrière. Admirable ! Si l’art académique existe toujours, il ne passe certainement pas par les Beaux-Arts qui sont comme un délicieux home d’enfant. Inoffensif. On ne peut pas en dire autant de l’hospice qui est à côté – l’Institut –, c’est ça qu’il serait urgent de démolir. Parce que cela favorise l’officialisation de la merde. D’abord, c’est inutile ; ensuite, ça donne de nous l’image internationale d’une bande de ploucs. Comment voulez-vous que l’on puisse, un seul instant, croire en la modernité de notre armée