Le fameux Rhinocéros de Dürer tout à côté d’une planche des Caprices de Goya, à touche-touche avec une lithographie de Toulouse-Lautrec et un autoportrait de Rembrandt en graveur. En quelques salles, un chemin qui fraye de grands classiques en chefs-d’œuvre, parmi les estampes du XVe au XXe siècles. Le Petit Palais n’a pas eu à chercher bien loin ces «Trésors en noir et blanc» (et aussi, un peu, en couleur, le titre de l’exposition (1) étant trompeur) : le musée a ressorti 200 gravures de ses réserves, qui en compte 20 000 en tout, fragiles productions tenues à l’abri de la lumière. Eblouissement pour les fans de matrices (l’une d’entre elles est d’ailleurs exposée, une œuvre en soi !), parfaite occasion de s’y mettre pour ceux qui n’y connaissent rien.
Si le cabinet des arts graphiques du Petit Palais est si riche aujourd’hui, c’est essentiellement grâce à deux hommes, dont les goûts et les stratégies d’acquisition structurent l’exposition – la tendance actuelle au musée est décidément bien de mettre sa propre histoire sur les cimaises. Eugène Dutuit d’abord. Autodidacte, ce grand collectionneur parvint à réunir la quasi intégralité des œuvres gravées d’Albrecht Dürer (1471-1528) et de Jacques Callot (1592-1635), mais aussi des pièces de Goya et Rembrandt (La Pièce aux cent florins, dans l’exposition