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«Une rétrospective dérivée» de Matthieu Laurette au Mac Val : bal de promos

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Ayant fait un art de la mise en scène de soi, entre infiltration de l’espace médiatique et péripéties de la lose, l’artiste de 53 ans exposé à Vitry-sur-Seine donne à voir une œuvre insolente et protéiforme, qui se joue des codes du marketing.
«The Freebie King» (2001), de Matthieu Laurette. (Marc Domage/Collection The Speyer Family Collection, NY. Adagp, Paris 2023)
publié le 6 novembre 2023 à 17h05

Si être artiste, c’est faire œuvre, c’est aussi faire parler de soi, se montrer, s’exposer, se rendre visible. Matthieu Laurette l’a vite compris et a fait aussitôt de cet art de l’autopromotion l’objet même de son travail. Dès 1993, alors qu’il est encore étudiant, il passe à la télé, dans le jeu Tournez manège !, où les célibataires tentent de trouver leur âme sœur, et signe ainsi, au culot, sa première œuvre d’une série, toujours en cours, intitulée Apparitions. Fluet, longs cheveux bruns, lunettes à grosses montures lui mangeant le visage, le cou engoncé dans un col roulé, quand vient son tour, il décline à l’animatrice Evelyne Leclercq son projet de devenir «artiste multimédia». Pour lui, même s’il est reparti du plateau sans âme sœur, c’était gagné : on l’avait vu à la télé. D’autant qu’il avait pris soin avant la diffusion du programme, d’annoncer sa participation par des cartons d’invitation, comme si c’était là une exposition d’art en bonne et due forme. Depuis, ses Apparitions dans les médias se succèdent au gré des invitations, de ses candidatures spontanées ou du hasard d’un mouvement de caméra qui tombe sur Laurette, simple anonyme au milieu des autres dans le public. Le geste a des accents warholien (il vise à infiltrer l’espace médiatique)