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Exposition

Vera Molnár, la fête au carré

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Le musée des Beaux-Arts de Rennes consacre une rétrospective à l’espiègle pionnière de 97 ans, mordue de géométrie qui comprit très tôt le potentiel du numérique dans l’art.
«Carrés concentriques» (1948), de Vera Molnár. (François Fernandez/Espace de l'Art Concret)
publié le 22 novembre 2021 à 6h50

Parfois de guingois, ils s’emboîtent maladroitement ou se superposent. Ailleurs, ils jouent avec l’œil du visiteur qui les croit sagement alignés : les carrés de Vera Molnár n’en font qu’à leur tête, indociles. Au musée des Beaux-Arts de Rennes, la doyenne de l’abstraction française, 97 ans, bouscule les figures géométriques depuis qu’elle a découvert l’ordinateur en 1968. Sortie de l’ombre grâce à une monographie au Crédac en 1999, Vera Molnár est l’une des premières artistes à s’intéresser à l’informatique, ce qui fait d’elle une pionnière de l’art numérique. Sa rétrospective rennaise, réalisée en partenariat avec l’Espace de l’art concret de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), retrace le parcours d’une figure importante de la peinture française, volontairement en retrait du marché de l’art, souvent éclipsée par son mari, François Molnár, chercheur et partisan d’un art d’inspiration scientifique.

Le grain de folie dans la matrice

Aujourd’hui représentée par la galerie rennaise Oniris, se déplaçant difficilement, Vera Molnár accueille volontiers les journalistes dans sa maison de retraite parisienne pour parler de son travail : «Je suis très vite tombée amoureuse du carré et du cercle parce que ce sont des formes géométriques inventées par l’homme. Ça n’existe pas dans la nature. J’adore tout ce qui est artificiel, comme les mathématiques ou les avions.» En plaisantant, elle évoque sa condition de femme artiste : «Entre deux vaisselles, j’ai toujours trouvé un peu de temps pour faire des carrés !»