Il est terriblement beau, imposant et… sans pitié. «Le mal est à l’intérieur de moi», dit Mohammad à la cinéaste Danielle Arbid qui l’interroge sur la guerre civile au Liban. L’ex-milicien chiite, encore accro à l’adrénaline, raconte : «Je voulais sniper. Je kiffais le sang. Quand j’ai tué le premier, mon cœur est mort. […] Quand moi je tue quelqu’un, et qu’il meurt devant mes yeux, je le vois virevolter, je me sentais heureux…» Dans Un tueur, court métrage inédit, la caméra de Danielle Arbid scrute le grand corps du combattant couvert de tatouages. Alors que, avant 2000, la cinéaste d’origine libanaise prépare son documentaire Seule avec la guerre – une enquête sur la mémoire du conflit qui a marqué son enfance au Liban (Léopard d’Argent vidéo au festival de Locarno et prix Albert-Londres en 2001) –, elle enregistre les terrifiantes paroles de Mohammad, ce témoin dont elle ressort les rushs aujourd’hui, encore hantée par cet entretien glaçant. «Je voulais savoir si dans une guerre j’aurais pu tuer, ou comment naît la haine qui entraîne la guerre. Je voulais savoir si j’aurais pu lui ressembler», écrit Danielle Arbid vingt ans après, s’interrogeant sur les origines du mal, en introduction de ce film-essai présenté pour la première fois à Beaubourg, avec cinq autres de ses films.
Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine en février, frappant l’Europe de sidération, une question obsède : quel visage a donc la guerre aujourd’hui ? Comment la rega