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«Vrac Multivrac», huile aux trésors

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Avec ses impressionnantes installations odorantes ou dégoulinantes, ses bidons d’essence ou ses cagettes-pochoirs, la Suisse Delphine Reist peuple le Frac Dunkerque de ruines absurdes d’une civilisation industrielle en fin de vie.
Dans la salle centrale, l’artiste a utilisé les roulettes de chaises de bureau comme pinceaux. (Emmanuel Watteau)
publié le 17 octobre 2022 à 1h57

C’est une exposition qui commence par une fin. On dirait même que «Vrac Multivrac», de Delphine Reist, présentée au Frac Dunkerque – la première d’envergure en France – débute, avance et se termine comme une ultime étape avant le néant. La fête est finie. Les ouvriers sont partis, les col blancs, les régisseurs, les marins aussi, les peintres se sont fait la malle, tout a foutu le camp. Dans la rue intérieure du Frac, des ouvriers fantômes ont laissé en plan la Grande Unité de production, une impressionnante installation de seaux renversés avec du béton qui coule. Il ne reste que le public, qui avance dans le parcours en s’interrogeant… Et l’artiste ? Où est-elle, l’artiste suisse ? Delphine Reist est bien là, derrière chaque œuvre, en grande magicienne économe et intelligente d’un art du maximum d’effet avec un minimum de moyens. Dans le parcours, de très beaux textes de Julie Gilbert dressent le portrait de l’artiste genevoise tout éclairant sa pratique.

Des imprimantes qui fuient

A l’entrée justement, il y a cette grande cloison blanche sur laquelle sont posés, très en hauteur, de gros bidons rouges alignés, certains estampillés de logos Schell ou Total. En équilibre sur le mur, les barils, menaçants, sont percés, ils dégoulinent et laissent sur la paroi blanche de grandes trainées noirâtres, jaunes et grisâtres, toutes parallèles. En voilà une peinture élégante et vivante, faite avec les moyens du bord ! Elle est odorante de surcroit, car un délicat fumet d’huile se dégage… Les bidons, il n’