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Interview

Arturo Pérez-Reverte : «Le roman me permet de me battre à coups de poing»

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Le cahier Livres de Libédossier
Avec «l’Italien», l’écrivain espagnol éclaire un pan méconnu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Rencontre avec un homme pour qui «chaque être humain est une boîte à surprises».
L'écrivain espagnol Arturo Pérez-Reverte, à Paris, le 13 juin 2024. (Frédéric Stucin/Libération)
publié le 16 août 2024 à 15h00

On les appelle «maiales», ces torpilles italiennes chevauchées sous l’eau, durant la Seconde Guerre mondiale, par des scaphandriers cherchant à dynamiter les bateaux britanniques dans le port de Gibraltar. Ce sont elles les héroïnes du nouveau roman d’Arturo Pérez-Reverte, ou plutôt les Italiens qui les montent au risque d’être repérés et mitraillés par l’ennemi ou de mourir écrasés par la pression de l’eau. Mais le personnage principal, c’est Elena, libraire à Algesiras, dont le mari a été tué en juillet 1940 lors de l’attaque britannique contre la marine française à Mers-el-Kébir. Elle semble avoir renoncé à l’amour quand, un jour à l’aube, elle découvre le corps d’un homme blessé que la mer a rejeté là, «un homme vêtu de caoutchouc noir, mouillé et luisant» qui saigne du nez et des oreilles. Elle comprend vite qu’il s’agit d’«un de ces Allemands ou Italiens qui attaquaient Gibraltar depuis deux ans» juchés chacun sur leur maiale. Si elle alerte la Guardia Civil, il risque gros. Alors elle le ramène chez elle, prête à le soigner et le cacher. Et entre ces deux-là, va naître une sublime histoire d’amour et d’espionnage. Elena cultive la haine des Britanniques qui ont tué son mari et qu’elle trouve «arrogants», elle a été élevée par son père dans le culte des héros, à l’image d’Ulysse qu’il lui a fait lire très jeune