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Exposition

Au CAPC de Bordeaux, l’art se met en serre

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Oiseaux emmazoutés, laine tuftée, fleurs bourdonnantes… «Pollen», le nouveau parcours du centre d’art contemporain, interroge notre rapport à la nature à travers des œuvres vivantes, fragiles et périssables.
«Sans titre» d'Emma Reyes (1989). (Alex Kostromin/Courtesy Crèvecoeur)
publié le 31 mai 2025 à 8h22

Trois petits bocaux derrière une vitre, remplis d’une poudre jaune. Pollen de noisetier, de l’Allemand Wolfgang Laib, a été acquise par le Centre d’art contemporain de Bordeaux (CAPC) en 1992. Le pollen, récolté à la main par l’artiste lors de longues marches, peut indifféremment être présenté dans les musées enfermé dans ses pots, comme on enferme le souvenir d’une plage de sable, ou versé au sol et étalé jusqu’à former un rectangle ocre et poudreux, tel un monochrome léger et instable. Extrêmement fragile – son jaune magnétique n’est plus tout à fait aussi éclatant –, l’installation, comme toutes les œuvres issues de matières naturelles, poursuit sa petite vie au sein du musée : sa couleur vire, la matière s’altère, ou s’altérera forcément. Elle peut aussi continuer à exercer son pouvoir d’attraction sur les insectes. Elle agit, elle se transforme. Et ne cesse d’inspirer : elle est aujourd’hui à l’origine de la nouvelle présentation de la collection du CAPC, précisément intitulée Pollen et proposée aux visiteurs pour les deux prochaines années.

«Une collection de désastres au long cours»

Ce nouveau parcours suit un chemin déjà emprunté par d’autres expositions ces dernières années (c’est le moins qu’on puisse dire) : le rapport à la nature, source de fascination mais objet de destruction, le vivant, l’extractivisme mortifère… Mais l’exposition du CAPC y ajoute une réflexion sur le musée comme écosystème, bien contraint de faire avec la vie secrète des choses, parfois vivantes, qu’il est censé conserver.