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Au centre Pompidou, l’expo «Paris noir» en habit de lumière

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L’exposition retrace cinquante ans de création noire longtemps ostracisée, rendant visible un pan éblouissant de l’histoire de l’art moderne et réservant mille découvertes.
«James Baldwin», vers 1945-1950, de Beauford Delaney. (Estate of Beauford Delaney)
publié le 4 avril 2025 à 17h11

L’homme a le teint havane, éclairé d’une lumière fauve et cuivrée de début de soirée, même si le petit pan de mur bleu dans un coin de la toile semble indiquer qu’il est plus tard que cela. Il vous jette en coin, de ses yeux en amande aux sourcils légèrement levés, ce regard doux et fixe de ceux qui aspirent à attirer l’attention, à être vu et qui hésitent à franchir le pas, à quitter l’ombre. En choisissant de faire de cet Autoportrait (1947) de Gerard Sekoto, l’affiche de «Paris noir», le centre Pompidou ne pouvait mieux incarner les motivations de son exposition : faire enfin prendre la lumière aux œuvres méconnues (c’est peu dire) d’artistes longtemps ostracisés, regardés avec condescendance ou indifférence. Alors que leur travail mérite, cela ne fait aucun doute, d’être autant considéré, collectionné, exposé, documenté que celui de leurs pairs adoubés par l’histoire de l’art moderne et contemporain depuis des lustres.

«Paris noir» réserve mille surprises, mille découvertes en ramenant à la surface du visible un paysage artistique enfoui. C’est un continent, ou plutôt un transcontinent mouvant, qui émerge ici, peuplé d’artistes noirs nés en France, ou bien qui ont un jour ou l’autre, pour quelques années ou sans retour, accosté dans la capitale, durant la deuxième moitié du XXe siècle. Certains d’entre eux se sont croisés et même fédérés, d’autres sont restés esseulés. Tous ont encaissé et témoignent dans leurs œuvres des affres de la période coloniale et post-colo