Même si la toile de Katharina Grosse est hissée haut jusqu’au plafond du rez-de-chaussée du centre Pompidou-Metz, dans la grande nef, où elle se retient à des crochets laissés bien visibles, rien n’y fait. Ses plus de 8000 m² de tissu baillent en plein d’endroits, s’affaissent lourdement en d’autres, jusqu’au sol, où ils forment un tapis épais, dans les plis duquel on se prend les pieds. Si bien qu’avant peut-être de faire œuvre de peinture, l’artiste allemande fait œuvre d’accrochage, multipliant les accrocs et les anicroches. La toile n’est plus tendue pour que le pinceau glisse à sa guise sur une surface plane et soumise, elle rebique et se rebiffe, se plie, se déplie, se froisse, s’ourle, se roule en gros paquets. Elle a été peinte à la fois avant et après avoir été installée, ce qui revient à donner la dernière touche à la fois à l’installation de la pièce dans l’espace et aussi à la peinture qui, in fine, par endroits, vient parachever le tableau. Les couleurs, rose fuchsia, bleu roi, violet, rouge, orange, vert bouteille, jaune soleil, sprayée en amples projections, font des traînées vigoureuses qui laissent le blanc de la toile participer à cette composition relâchée. Relâchée ou vigoureuse ? Cela dépend des zones. L’œuvre est si vaste qu’elle bat à des rythmes différents. Là, les couleurs se mélangent et s’emmêlent dans les replis de la toile, ailleurs, les giclées d’
Installation
Au centre Pompidou-Metz, Katharina Grosse fait les plis et le beau temps
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Le drapé époustouflant de l’artiste prête à la composition des extravagances baroques. (Jens Ziehe)
publié le 26 juillet 2024 à 17h30
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