C’est un peu le Tinder du scenario, le Bumble des adaptations littéraires, l’incontournable plateforme de rencontres entre maisons d’édition et sociétés de production de cinéma et d’audiovisuel. La présentatrice de l’événement Shoot the Book ! le clame elle-même à l’assemblée : c’est une «love room», ici ! Jeudi 16 mai, et comme tous les ans depuis une dizaine d’années, défilaient au Palais des festivals les ambassadeurs des grandes maisons d’éditions françaises : Actes Sud, Gallimard, Fayard, Robert Laffont, toutes venues pitcher les romans de leurs poulains à des professionnels de l’écran. Les éditeurs candidatent, un jury sélectionne les profils les plus intéressants. Une dizaine environ. L’obtention d’un prix littéraire aide évidemment : 32 % des primés des vingt dernières années ont été adaptés au cinéma ou à la télévision. Surtout, mieux vaut choisir un livre déjà traduit, si possible en anglais. Sur l’estrade, Julie Buffaud, venue pitcher le best-seller de Marie Vareille, le Syndrome du spaghetti (Pocket), énumère bien fort : «Traduit en italien, en vietnamien, en coréen.» Notre voisin hoche la tête en signe d’approbation. Swipe. Au suivant !
Pitcheur chevronné
Les pitcheurs ici sont avant tout des sprinters : il faut faire court, éviter le commentaire littéraire, convertir le livre en langage «image», c’est-à-dire mettre en valeur le registre («c’est un whodonit existentialiste», une «dramedy décroissante»), définir une palette émo